Cultiver son propre houblon

De Le Wiki du Brassage Amateur
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Choisir un emplacement

Le houblon n'est pas une plante difficile en terme de sol. Cependant, il apprécie tout particulièrement les sols équilibrés et humides (mais drainés) d'un pH de 6.0-6.5. Il peut être cultivé dans des sols calcaires sans trop de problèmes, à condition d'amender régulièrement le sol. Une exposition au sud, sud-ouest si possible avec 6 à 8 heures de soleil par jour. Pour éviter la prolifération de maladies, prévoyez d'espacer correctement vos plants.


Comment planter

Les dernières gelée passées, une fois l'emplacement choisi, faisons un trou assez profond dans le sol. Il est important de bien retourner la terre pour l'ameublir. Dans ce trou on peut disposer du fumier ou du compost. Pendant le "forage", pensez à faire tremper (jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bulles) les godets dans de l'eau additionnée de purin d'ortie: le pot est plus facile à enlever, les racines déjà humides et de l'azote à gogo pour démarrer! Une fois le pot retiré, démêlez les racines avec les doigts de préférence ou avec une griffe. Cela va favoriser l'enracinement. Pour un bon drainage, plantez le rhizome à 10 cm de profondeur dans une petite butte que vous aurez confectionné (30 cm de haut). Ensuite il ne reste plus qu'à pailler le tout. Le paillage empêche l'eau de s'évaporer, ameubli le sol et le fertilise et favorise la faune du sol.

Quand les premiers jets s'épanouissent, il faut sélectionner les 3 plus vigoureux. Pour cela, on "pince" (entre le pouce et l'index) l'extrémité des autres jets. Cela favorise les rejets à la base(le plant s'étoffe) et oriente les nutriments vers les 3 jets sélectionnés.

Les lianes vont commencer à monter sur les tuteurs/fils. Les premiers jours, il est utile de les guider. Pour cela, il y a une chose à retenir: les lianes s'entortillent d'est en ouest.


L'entretien et les soins

La 1ère année, cela consiste surtout à faire les bons apports en engrais et en eau: le houblon est très gourmand! Le mieux est de faire un apport de fumier (ou équivalent) toutes les 4-5 semaines à partir du moment où les plants font 50cm de haut jusqu'à mi-août. Le paillage combiné à un arrosage au goutte à goutte est amplement suffisant. Ceci est d'autant plus important que le plant va rester 20 ans à la même place... Vous pouvez éventuellement opter, en complément, pour une fertilisation foliaire (1 fois/15j) avec selon les besoins de la plantes: purin d'ortie (croissance), purin de consoude (fructification, racine), décoction de prêle (maladies cryptomatiques... mildiou quoi :) ) L'apport foliaire doit surtout aider la plante tout au long de sa croissance et stimuler ses défenses immunitaires. Une bonne fertilisation foliaire améliore l'absorption des nutriments du sol par un effet pompe, mais ne peut se substituer au fumage!


La récolte

Elle est souvent faible voire inexistante la 1ère année, le rendement du houblon s'améliorant avec l'âge.

La taille et la forme des cônes ne sont pas réellement un critère de sélection. Par contre, à maturité, le cône doit dégager un arôme clair et commencer à être plus sec (plus qu'un cône vert, mais attention il ne doit surtout pas jaunir! Le délai entre ces deux phases peut être court). Ensuite, il faut soulever les écailles, la lupuline (poudre) doit être présente en bonne quantité. Si le cône est mûr, on aura des traces de cette poudre jaune sur les doigts. Cela doit être épais, légèrement collant et d'une belle couleur "or". Une fois toutes ces conditions réunies: banzaï! Suivant les variétés, la récolte intervient entre fin août et fin septembre; la plupart du temps vers la mi-septembre.

Généralement, on coupe le pied à 5cm du sol pour la récolte. A notre échelle, on peut se permettre de ne couper qu'à 1 mètre afin de laisser la plante terminer son aoûtage (période où la plante se prépare pour l'hiver) sans la stresser. On laisse alors les lianes se dessécher naturellement.


Conservation

Le meilleur moyen reste encore le séchage. Pour cela, on peut disposer les cônes dans un endroit chaud et sec, un grenier par exemple. Généralement, du papier journal sur le sol et 1-2 semaines de séchage sont suffisants. Il faut retourner régulièrement les cônes. Par la suite, on doit conserver les cônes à l'abri de la lumière et de l'air: la congélation dans des sachets sous vide reste la meilleur solution. Ainsi conditionné, le houblon conservera plus longtemps ses qualités: il se gardera un an voire plus.

Si vous ne voulez pas vous séparer de votre houblon de trois ans d'âge, il reste une solution... faire un lambic!


L'après récolte

Avant l'arrivée de l'hiver, il faut couper les lianes à 5cm du sol et recouvrir le pied de compost pour le protéger.

Au printemps suivant, on dégage les pieds de houblon. Il faut alors couper dans le sol dans un rayon de 30cm autour du pied afin d'empêcher le rhizome de tracer et de se mélanger aux variétés environnantes. Il faut retirer avec soin tous les bouts ainsi coupés. Cette manipulation intervient généralement en fin mars suivant les conditions climatiques. Ensuite, on apporte à nouveau du fumier et on paille.

Au passage, vous remarquerez sans doute dans le sol la présence de petits jets de houblon, tous blancs car non exposés au soleil. Récupérez les, ils feront le délice de vos papilles! C'est un plat de choix qui n'est pas accessible à toutes les bourses (80-100€ le kilo).


La lutte biologique

Par conviction, je ne pratique que de la culture bio, d'où le recours aux divers purins et décoction plus haut. Grâce à eux, je n'ai jamais eu de maladies. La lutte intégrée permet de se passer de beaucoup de produits. Les principaux problèmes que rencontre le houblon sont les pucerons voire le mildiou pour les moins résistants. Pour ceux qui ont de la place: sur l'aire de plantation, semez du trèfle violet au centre de la parcelle et de la phacélie sur les bords. Ces engrais verts vont participer à la fertilisation du sol par enfouissement ou par décomposition à la surface. Le trèfle fixe l'azote et la phacélie attire les abeilles. Tous deux évitent le lessivage des sols, la prolifération des mauvaises herbes et favorisent la faune insoupçonnée de nos jardins: nombre d'insectes auxiliaires viendront (chrysopes, coccinelles...) et se chargeront des nuisibles. Une "maison des insectes" peut être construite pour compléter le tout et attirer notamment les pinces-oreilles et les guêpes solitaires (très grands prédateurs).


Jardinage biologique

C'est bien connu, les plantes ont des besoins nutritionnels. Elles trouvent leurs nutriments dans le sol. Outre les oligoéléments, la plante a des besoins spécifique en:

  • Azote (symbole: N). Favorise le feuillage et l'activité chlorophyllienne. Il est primordial pour la croissance de la plante et donc conditionne sa résistance aux agressions externes. Un excès entraîne un retard de fructification.
  • Phosphore (symbole: P). Favorise les organes de stockage et le système racinaire de la plante. Une plante carencée résistera moins aux sécheresses...
  • Potasse (symbole: K). Favorise la production de fleurs et de fruits.

Viennent encore s'ajouter le fer, le bore, le magnésium, le calcium etc...

Il faut apporter ces nutriments à nos houblons. Et pour ça les plantes viennent à notre rescousse! Les purins sont des produits issus de la fermentation des plantes comme l'ortie ou la consoude. Les décoctions sont faites à partir de plantes qu'on laisse tremper 24h dans l'eau avant de les bouillir puis de les laisser infuser 24h. Ces dernières sont très différentes des infusions où l'on plonge les plantes dans de l'eau déjà bouillante pour les laisser infuser 24h. Il faut retenir que les décoctions sont souvent réservées à des plantes dont l'élément intéressant est difficile à extraire.

  • Ortie: riche en azote, faible concentration en potasse et quasiment pas de phosphore. Mais elle est riche en fer. Elle renforce donc les défenses immunitaires. A donner au démarrage de la végétation, en mars-avril/mai. -Consoude: une plante miraculeuse :). Elle contient moins d'azote que l'ortie mais surtout elle est très riche en potasse et contient également un peu de bore (favorise un nombre + élevé de fleurs...) et d'autres minéraux (calcium, zinc, magnésium...). A donner à partir d'avril/mai
  • Prêle: une plante qui aime les terrains sableux et l'humidité. Elle est extrêmement riche en silice, qui aide à renforcer la plante contre les attaques de champignons, notamment le mildiou du houblon. A donner durant toute la végétation.

Ensuite il reste un choix à faire... arroser ou pulvériser? Arroser avec du purin a une action sur le long terme, la plante n'absorbant pas tout de suite les nutriments. La pulvérisation foliaire (sur les feuilles) est assimilable plus vite par la plante, mais l'apport est plus limité. Perso, je préfère la dernière méthode qui est plus facile à mener. On a également besoin de quantités largement moins importantes de purins.


Reference

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