[HS] Le prix coté producteur, c'est la matière, le temps (souvent sous-évalué par les micro), les charges (yc salaires), etc. Dans les bières d'exception, un paramètre dont il faut tenir compte, outre l'investissement matériel très important, c'est l'immobilisation de celui-ci qui grève le coût : un fermenteur que vous remplissez/videz tous les 15 jours sera vite amorti. Un fût de chêne que vous remplirez/viderez tous les 2 ans et remplacerez tous les 2 ou 3 brassins, c'est une autre paire de manche, sans compter le stockage des futs (ça coute aussi, on ne stocke pas ça dans un hangar en tôle exposé au cagnard en été et aux vents de nord en plein hiver, c'est plus encombrant, etc).
Le prix coté acheteur (je n'ai pas dit consommateur), c'est avant tout le reflet de l'idée qu'on se fait du produit.
Le producteur peut avoir le meilleur produit du monde, si celui-ci n'envoie pas du rêve, il n'y aura pas d'acheteur.
Corollaire, il peut avoir la pire daube possible mais une jolie image, ça se vendra super bien même à prix d'or (vous avez entendu la pub pour "bud" à la radio ???...)
Le juste prix, c'est quand les 2 cotés sont d'accord
Quand le client se retrouve tout seul à choisir, il n'a que 2 critères pour juger : le prix, et l'image
(visuelle, et désormais sociale). Ces 2 paramètres doivent le flatter lui, pas le brasseur. Les vignerons ont bien compris le truc
(étiquettes, communication, prix, etc) : le nombre de vins bof-bof qu'on vous propose aux repas de famille mais avec une jolie étiquette VS le petit vin d'indépendant, goûtu, délicieux, mais avec une étiquette bien moins travaillée... Le principe est le même partout : en high-tech, en automobile, et dans plein d'autres domaines. Un prof appelait ça "la méthode japonaise" : ce qui importe au départ c'est le papier cadeau, pas le cadeau. On achète d'abord un produit parce qu'on CROIT en ses qualités, parce qu'on pense qu'une partie des qualités PROJETEES par celui-ci nous conforteront dans notre statut
(de connaisseur, de précurseur, statut social, etc ) et on renouvelle l'achat si le produit a répondu à UNE PARTIE importante de l'idée qu'on s'en faisait. Il n'y a que l'INITIE qui arrivera en partie à dépasser le stade "papier cadeau". Or coté bière, surtout dans les pays où c'est assimilé à une boisson "festive"
(les pubs de Bud / Inbev / HK / Kro n'aidant pas il est vrai), on est très loin du verni de connaissance minimum pour parler de connaisseurs (donc encore plus loin de l'initié ou de l'expert)...
Il y a une chose qu'on apprend en école de commerce (peu importe le niveau, du CAP au Bac+5) : le prix et l'étiquette ne reflètent JAMAIS toutes les qualités intrinsèques d'un produit.
Si c'était le cas, il n'y aurait pas besoin de faire des pubs avec des gens à moitié à poil pour vendre des yaourts ou des voitures. On n'aurait pas besoin d'artifices pour vous vendre un jambon tradition "cuit au torchon de façon traditionnelle" tout rose
(un jambon trad', c'est blanc/gris, comme du lard cuit en saumure) → mention en passant : un cochon ce n'est pas rose non plus
...
Il y a les qualités réelles et il y a les qualités qu'on y projette en tant que producteur ou en tant qu'acheteur. Le client achète une image (dans le sens large) avant un produit. A charge pour le producteur de faire que l'image renvoyée par son produit en rayon (visuel et prix) reflète les qualités qu'il veut mettre en avant, et surtout que le client souhaite y voir. D'expérience, il y a des gaps très larges à chaque étape
("je veux faire passer cette idée" → "mon étiquette/prix/image fait passer cette idée" → "cela renvoie cette image" → "le client comprend cette chose (généralement, c'est très éloigné de ce que le producteur veut faire passer"→ EDIT : sauf à utiliser des codes de communications tellement intégrés à notre société qu'ils en deviennent "standardisés", par exemple une étiquette très sobre en noir et or pour un coté chic, le coté "tissus vichy, petites fleurs et paysages colorés" pour le coté "campagne", ou une écriture "asiatique" pour donner un coté zen, etc)
PS : désolé pour le post
un peu très brouillon
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